LA BIENNALE DE VENISE
La joie de retrouver notre bon Keikiwai fut de courte durée. En effet, le gouvernail est bloqué… Et le chantier pour des raisons de « biennale de Venezia » a mis le bateau à l’eau quand même, pour avoir plus de place pour exposer les œuvres des artistes exposant sur le site même du chantier.
Ce ne serait pas trop grave si la grue qui permet de lever le canote n’était tombée en panne le lendemain !!! Donc, nous attendons que la grue soit réparée pour pouvoir sortir le bateau.
Une rapide analyse de la situation nous fait penser au gonflement d’une bague d’étanchéité dans le tube jaumière qui a bloqué la mèche de safran. Il va sans doute falloir découper la tôle de ce tube pour virer la bague et en refaire une autre, qui elle ne gonflera pas à l’air, la replacer et ressouder le tube. Que du pur plaisir !!! Ce type d’ennui arrive régulièrement sur les vieux bateaux (plus de 25 ans), car on utilisait à l’époque du nylon (pas cher) pour fabriquer ce type de pièce. Or, tant que le bateau est dans l’eau, il n’y a pas de problème, mais s’il reste trop longtemps hors de l’eau, et en plus à la chaleur, le nylon gonfle.
Voilà, voilà les nouvelles. Et pour couronner le tout le gars capable de m’aider à faire le boulot est en vacances !!! Donc obligation de farniente !!!
Et là, nous n’avons besoin de personne. Venise, sa Biennale, ses vaporettos (autobus flottants), ses musées, ses environs, sont à nous et nous en profitons. Nous, qui voulions partir vite, sommes d’un coup moins pressés et, avides de découvrir Venise, sous tous les angles, nous consultons tous les horaires de bateau, les guides touristiques etc…
La Biennale de Venise !!!! Ou la folie des « arts » !!! Des beaux-arts et des laids-arts, des « évènements », des « créations » d’un tas de guignols qui abusent de la crédibilité d’imbéciles qui ne pensent qu’à se montrer aux yeux des autres, comme découvreurs de talents, ou amateurs d’Arts éclairés (bien sur, faut de la lumière pour comprendre l’Art)
Car, à côté de réels talents, il y a une faune à 2 pattes, cheveux rouges ou jaunes canari, habillés ou déshabillés par un Abbé Pierre qui aurait d’un coup décidé de fourguer, pour vider ses stocks, les guenilles que même ses pauvres n’auraient pas voulu porter par peur du ridicule, qui proposent à nos yeux, avides de belles choses, d’innommables croûtes, sans… (Je cherche toujours le mot) RIEN.Voilà RIEN c’est le mot et encore, rien, veut dire quelque chose.
Mais bon il faut bien que jeunesse se passe, même à 80 ans…
Mais, dans la race des hurluberlus, nous en avons rencontré toute une troupe composée d’Américains et de Slovènes, moyenne d’âge 25 ans, tatoués, peints de toutes les couleurs, venant de New York via la Slovénie, tous artistes clowns, cracheurs de feu, musiciens, peintres, jongleurs.
Tout ce beau monde est arrivé un soir, sur d’improbables « choses » flottantes. Le jour déclinait lentement sur la lagune, le soleil avait une forte envie de se coucher, mais, pour le coup a suspendu son amerrissage. Ils venaient de faire un show musico-théatral à Venise sur leurs « choses » flottantes.
Imaginer une telle « chose » est déjà difficile, la réaliser devient une gageure.
Des bidons de 200 litres fixés sur une plateforme en bois et acier, sur lequel est bâtie une tour de Babel, composée de tout ce que l’on peut récupérer dans une déchetterie, vieil escalier, vieille bassine, vieux bâti de fenêtre, vieux drap en guise de voilure, vieux pneus en guise de pare battage…
Tout est monté solide, du genre, trop n’a jamais manqué, mais on se demande comment tout cela tient en équilibre sur la plate-forme.
Vous rajouter à cela un moteur de Mercedes (quand même) antédiluvien, lui aussi récupéré à la casse, dont on a modifié la boîte de vitesse pour le transformer en inverseur et dont je ne sais quoi, a été transformé pour installer une ligne d’arbre de 3 mètres de long avec une hélice, faite maison, dans un morceau de métal. Cet assemblage ressemble à s’y méprendre aux motogodilles des chinois.
Le plus inconcevable étant que, sur l’eau, le moteur pousse ce radeau de la méduse moderne à 3 ou 4 nœuds, selon que le vent est contraire ou portant.
Et comme un bonheur ne vient jamais seul, non content d’en avoir fabriqué un, ils en ont fait 2 autres, plus délirants les uns que les autres.
Nous avons eu l’honneur et le privilège d’être invité à monter à bord de l’un d’eux, et à faire une croisière. Soirée musicale sur la lagune, sous la lune, qui était pleine de joie, ce soir-là. Ce fut un grand moment de convivialité où le Franco-Anglo-Latino-Américain était de mise pour raconter chacun sa vie, en sirotant du bon Bordeaux amené pour l’occasion. Ajoutez à cela que leur musique était super et originale, entraînante à souhait, un rien mélancolique et teintée de tzigane. Le groupe s’appelle Dark, Dark, Dark !!! (www.DARKDARKDARK.com)
À la fin, vers les… (Oh là là, je ne sais plus), je m’essayais même au Slovène. Je n’en ai aucune souvenance, mais j’aurais essayé et tout le monde aurait, paraît-t-il, bien rit.
Voilà les jours passent.
À Venise, on ne peut pas s’ennuyer, ou alors il faut le faire exprès.
D’autres aventures nous attendent sans doute au détour d’un canal…
À plus.